La taille douce
La taille-douce est l'ensemble des procédés de gravure en creux sur une plaque de métal. Elle s'oppose à la taille d'épargne.
Dans la première, l'encre se dépose dans les creux, tandis que dans la seconde, l'encre est appliquée en surface. L'impression de la plaque de métal se fait sur une presse à taille-douce.
Presse taille douce en bois du XVIIIème
Presse métallique
Au sens premier, la taille-douce fait référence à la gravure au burin, héritée des orfèvres1. Par extension, la taille-douce s'est ensuite vue désigner tous les procédés de gravure en creux sur métal, comme le cuivre, le zinc et le laiton.
Les procédés de gravure en taille-douce sont généralement divisés en deux catégories :
•La taille directe, lorsque l'artisan grave directement la plaque de métal
gravure au burin,
gravure à la pointe sèche,
pointillé,
manière noire.
•La taille indirecte, lorsque la gravure résulte de la morsure d'un acide :
Eau forte :
L’eau-forte est un procédé de gravure en taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique (un acide). L’artiste utilisant l’eau-forte est appelé aquafortiste. À l’origine, l’eau-forte était le nom donné à l’acide nitrique.
L’eau-forte est un procédé de taille indirecte (par morsure du métal par un acide), par opposition à la taille directe (à l’aide d’outils, tels burin ou pointe sèche).
Gravure au lavis
Ce style de gravure est un procédé à l'eau-forte, à l'origine de l'aquatinte. Elle joue sur la corrosion partielle de la plaque de métal par un acide. Inventée au XVIIIème siècle, elle vise à imiter les dessins en lavis, afin de les reproduire de la manière la plus fidèle possible.
Aquatinte
L'aquatinte est une technique qui permet de réaliser des aplats de couleur sur la plaque de cuivre grâce à un grainage à la poudre de résine. C'est cette zone couverte de résine qui une fois fondue retiendra l'encre et permettra de créer différentes nuances de couleur selon le temps de morsure de l'acide sur la plaque.
La manière au crayon
La manière de crayon, ou « dans le genre de crayon », est un procédé de gravure à l'eau-forte, dérivé du pointillé. Son but est « de se rapprocher, à l'impression, de l'effet du crayon. »
Plusieurs techniques en sont dérivées, comme la gravure au lavis et la manière de pastel.
Un peu d'histoire
Maso Finiguerra (1426-1464), orfèvre et graveur florentin qui s'est distingué par son usage du niellage, serait l'inventeur du principe de la taille-douce, par le contrôle de son travail de gravure lors du transfert de noir de fumée sur un tissu. La taille-douce voit son essor lié à l'imprimerie et à l'utilisation du papier.
Dès 1488, Michelet Topie de Pymont, actif à Lyon, imprime "un Voyage de Breydenbach" qui, pour la première fois en France, est illustré de gravures en taille-douce.
Au XVIIe siècle, la gravure en taille-douce rencontra un immense succès auprès des graveurs et imprimeurs d'images ou de livres illustrés.
Elle fut aussi très populaire pour illustrer un accessoire de mode très en vogue, l'écran à main qui servait aux dames pour se prémunir le visage de la chaleur trop vive des feux de cheminée.
Applications industrielles
La grande précision, de dessin permise par la taille-douce, l'a notamment destinée à la fabrication de billets de banque et de timbres postaux.
La technique de la gravure à la taille-douce a permis également à l'industrie du funéraire de s'étendre sur le granit noir fin poli comme un miroir, pour arriver à faire des monuments personnalisés.
Voyage en Limousin
Les billets de banque
Afin d'imprimer un billet de banque, le graveur trace à l'aide d'un burin, ou d'une pointe-sèche, le dessin à reproduire à l'envers sur un poinçon de métal doux. Après d'éventuelles corrections, le graveur va durcir le poinçon pour obtenir une version définitive. Pour l'acier, le poinçon est placé dans un four à 850 °C avec du cyanure de sodium, puis est refroidi dans l'eau (technique de l'acier trempé).
Pour imprimer le dessin, le poinçon est enduit d'encre, le surplus est essuyé à la tarlatane, au papier de soie et enfin avec la paume de la main, préalablement enduite d'un peu de blanc d'Espagne. Il ne reste de l'encre que dans les tailles. Une feuille humidifiée est appliquée sur le poinçon puis pressée avec une presse à taille-douce.
Timbres postaux
Dans le cas des timbres postaux, le poinçon originel durci est reproduit pour composer une matrice, qui va permettre d'imprimer une feuille complète de timbres. Cette feuille peut être fabriquée sur une plaque ou sur un cylindre appelé virole (impression rotative).
Le poinçon originel durci va servir de matrice et sera appliqué sur un cylindre de métal mou (molette) pendant une heure, en exerçant une forte pression. On crée quelques exemplaires sur molette en vérifiant qu'ils sont identiques.
Après que les poinçons obtenus par la molette ont durci, ils permettent de reproduire selon les mêmes opérations des dizaines de poinçons qui seront organisés en planches ou en cylindres. Une fois ces derniers confectionnés, l'impression commence.
On remarque que, par la reproduction par deux fois du poinçon original pour obtenir les poinçons de planches, l'image gravée initialement à l'envers est imprimée à l'endroit sur le timbre. Les poinçons en métal s'usent progressivement et doivent être régulièrement remplacés, surtout dans l'impression des timbres en grand nombre. Il arrive que l'usure d'une planche de poinçons ne soit pas remarquée à temps et que des défauts s'impriment sur un ou plusieurs timbres de la planche finale.
Les philatélistes parlent de « variétés » et de « types » pour désigner des timbres légèrement différents des autres.
Philatposte
1962 n° 1364
Edouart Manet
gravé par Pierre Gandon
1964 n° 1425
La dame à la licorne Tapisserie du XVème siècle
dessiné et gravé
Grand prix de l'art philatélie 1964
La tenture dite de La Dame à la licorne est une composition de six tapisseries du début du XVIe siècle. Chef-d'œuvre des débuts de la Renaissance française, elle est conservée au musée national du Moyen Âge-Thermes et hôtel de Cluny, à Paris.
Le timbre représente une des six tapisseries de la «La Dame à la Licorne» intitulée «La vue», on remarque que la licorne se reflète dans le miroir tenu par la Dame.
D'après Wikipédia